• Voilà un moment que je n'avais pas écrit une nouvelle chronique généalogique. Me voilà de nouveau inspirée grâce une lointaine cousine retrouvée grâce aux réseaux sociaux, sur un groupe de généalogie. Je me lancée dans la branche des DARGENTON de Boynes. En effet, un de ses ancêtre, Nicolas DARGENTON, est un frère de l'un des mien, Jacques DARGENTON (Sosa 744, la 10ème génération pour moi... c'est un cousinage très très lointain !).

    J'avais déjà écrit une chronique sur Jacques "François" DARGENTON (Sosa 372), soldat de l'armée napoléonienne, modeste cultivateur de Boynes, qui a trouvé la mort loin de chez lui en Espagne dans une ville à l'identité incertaine... (=> Jacques "François" DARGENTON... E comme Espagne)

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    Aujourd'hui je remonte jusqu'à la 12ème génération de mon arbre pour vous parler de l'arrière grand-père de François. Nicolas DARGENTON (mon Sosa 2976). Après quelques péripéties, que je vous détaillerais aussi car elles sont instructives, voilà ce que j'ai pu découvrir sur ce lointain aïeul.

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON

    Originaire de la commune d'Estouy (Loiret), Nicolas DARGENTON est né vers 1671. Malheureusement, les registres paroissiaux d'Estouy étant très lacunaires pour cette période, je ne pourrais pas retrouver son acte de baptême. Il me faudra dans l'avenir, tenter de le retrouver dans les registres de catholicité, s'ils existent encore pour cette commune.
    Il est le fils de Rhéné (?) DARGENTON et Joanne (ou Jeanne) GAUCHET. Ce que j'ai appris grâce à son acte de mariage, qui, bien que très court, mentionne au moins la filiation des deux mariés. En revanche, toujours pour des raisons de lacunes dans les registres paroissiaux, je ne sais rien de sa fratrie.
    En revanche, sur l'acte de mariage, il est précisé que Nicolas est "domicilié au moulin de la porte en la commune d'Estouy", ce qui me permet de connaître un détail supplémentaire sur son lieu de vie. Et d'en avoir une idée plus précise en retrouvant cette carte postale.

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON


    C'est à Boynes que Nicolas DARGENTON se marie avec mon ancêtre Marie ROUX, le 18 janvier 1700. Car c'est là-bas qu'est née le14 février 1677, sa future épouse. Marie ROUX, a 22 ans le jour de leur mariage, et est la fille de Philippe ROUX et Andrée CHERON.

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Acte de mariage de Nicolas DARGENTON et Marie ROUX - 1700 -
    Registres paroissiaux de la commune de Boynes

    De leur union nait une première fille le 12 février 1701 qui, comme le veut la coutume, est nommée comme sa mère, Marie. Leur deuxième enfant sera un fils, qui nait le 28 janvier 1703, et il portera bien sûr, le prénom de son père, Nicolas.
    Malheureusement, Nicolas meurt en bas âge, le 23 août 1704, le lendemain sa mère accouche d'une petite fille, Marie Louise, qui suivra son aîné quelques heures après sa naissance.
    L'année suivante, un second fils vient au monde, lui aussi sera appelé Nicolas. Celui-ci vivra, car il est mon ancêtre (Sosa 1488) puis une autre fille, Marie-Madeleine (le 25 janvier 1707), arrivera dans leur foyer. L'acte de naissance de cette dernière me donnera un nouvel élément sur son père, il y est précisé qu'il exerce le métier de voiturier.
    Le voiturier est, durant l'Ancien Régime et le XIXe siècle, une personne appartenant ou non à une corporation qui transportait voyageurs et marchandises par voiture attelée ou coche d'eau (définition du Trésor de la Langue Française)

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Acte de naissance de Marie Madelaine DARGENTON - 1707 - Registres paroissiaux de la commune de Boynes
    Dans lequel il est mentionné la profession de son père Nicolas DARGENTON.


    La petite Marie-Marguerite, qui nait le 18 juillet 1708, ne vivra que 3 jours et c'est ensuite d'un enfant mort-né le 5 mai 1709 que Marie accouchera. Enfin Pierre, nait le 14 mars 1710. Il sera le dernier fils du couple.

    Car un an plus tard, Marie ROUX meurt à son tour le 10 mars 1711, a seulement 34 ans. Elle laisse derrière elle un époux devenu veuf à 40 ans avec quatre jeunes enfants à charge.

    Dans les pas de Nicolas DARGENTONActe de décès de Marie ROUX - 1711 -
    Registres paroissiaux de la commune de Boynes

    C'est sans doute pour cela que Nicolas ne tarde pas à se remarier.

    En effet, Étiennette MILET devient la belle-mère de cette jeune fratrie le 8 juin 1711, trois mois à peine après l'enterrement de Marie. De quinze ans la cadette de Nicolas, Étiennette se retrouve à 25 ans, mère d'une famille de 4 enfants. Un veuvage si court peut choquer, mais il était en réalité très courant (voire systématique) qu'un veuf à charge de jeunes enfants se remarie aussitôt, la raison avancée en général est le soutien pour élever les enfants.

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Acte de mariage de Nicolas DARGENTON et Étiennette MILET - 1711 -

    Registres paroissiaux de la commune de Boynes


    Le malheur frappe de nouveau la famille de Nicolas. La même année c'est l'aînée, Marie DARGENTON qui sera inhumée dans le cimetière de Boynes le 12 octobre 1711, elle n'avait que 10 ans.
    Avec Étiennette il agrandira néanmoins la fratrie avec l'arrivée d'un fils le 3 mai 1712, et qui sera nommé Savinien (un prénom assez rare dans mon arbre). Une petite fille qui restera anonyme naîtra également le 23 janvier 1714 et sera (sauf oubli de ma part) le dernier enfant du couple.

    Le 18 décembre 1736, Nicolas est de nouveau veuf, Étiennette est inhumée à Boynes le lendemain.
    Elle avait "environ 50 ans".

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Acte de décès de Étiennette MILET - 1736 -

    Registres paroissiaux de la commune de Boynes

    Et c'est là que je perds un moment, la trace de Nicolas DARGENTON... car il n'est pas décédé à Boynes. Il est donc partit ailleurs, mais où ? J'aimerais pourtant retrouver sa date de décès (qui me donnera un âge, approximatif ou non, me permettant de calculer son année de naissance). Il n'est nulle part dans les registres de Boynes, je suis coincée.

    Le piège des données en lignes...

    En général dans ces cas là - et uniquement dans ces cas là - je me tourne vers les sites généalogiques pour voir si éventuellement, quelqu'un l'a retrouvé. Mais personne ne semblait avoir ces deux informations. Et sur le moment, je n'ai pas pensé à Estouy (allez savoir pourquoi). Néanmoins, tout ça m'a permis de me conforter dans mon idée de me méfier comme de la Peste des données présentes sur les sites en ligne, qu'il ne faut jamais prendre au pieds de la lettre... explications...
    C'est ma "nouvelle cousine" qui grâce au site Filae retrouve alors la trace de deux enfants de Nicolas... en région parisienne. Coup de théâtre ! Je n'aurais jamais pensé à les chercher par là-bas ! (Merci à toi Nanoukath, si tu passes par là).
    En effet, Marie Madeleine DARGENTON se marie à Versailles dans la paroisse de St Symphorien de Montreuil avec Nicolas LANGUILLE, natif de Versailles... mais dont le patronyme est aussi dans mes branches loirétaines (à creuser !).

    Quand à Pierre DARGENTON, le cadet de Nicolas et Marie ROUX, alors journalier, il se marie le 28 août 1742 à Viroflay, dans les Yvelines avec Marie Madeleine EGLOU... c'est grâce à cet évènement que je vais avoir une nouvelle piste pour retrouver Nicolas... mais aussi que je vais être induite en erreur par les données du site (dans ce cas précis, Filae). Car je n'ai pas accès à l'acte lui-même, mais aux données brutes qu'une personne a retranscrites en fonction de ce qu'elle a lu ou cru lire (et c'est là que c'est problématique). Il est précisé assez laconiquement : "INFO PÈRE : Voiturier à Etouy (60)".
    J'ai été amusée que Nicolas se soit retrouver, selon Filae, à travailler dans un village de l'Oise du nom d'Etouy. Mais après tout pourquoi pas ? Il y a bien une commune nommée Etouy dans l'Oise (j'ai vérifié), et je l'ai appris, une branche collatérale des DARGENTON s'établira un petit moment non loin... alors vraiment, pourquoi pas ? C'était probable.
    Mais pourtant pas de traces de Nicolas dans les registres d'Etouy...
    Je cherche alors l'acte de mariage de Pierre et Marie Madeleine à Viroflay, histoire d'avoir l'acte sous les yeux et non pas seulement les données "retranscrites". Ce que j'aurais dû faire dès le départ, car je constate deux choses :
    La première, c'est que la mariée s’appelle Marie Madeleine EGLON et non pas EGLOU, il suffit de comparer dans d'autres mots la forme des N pour s'en convaincre. Et la deuxième c'est qu'il y est précisément écrit :

    "(...) Le 5 août en la permission de Nicolas Darjanton ancien voiturier demeurant au vaux paroisse d'étouy qu'il donne a son fils du premier lit Pierre Darjanton journallier de cette paroisse de Viroflay daté du 26 juillet 1742 et passé à l'étude daviot (?) notaire à Boynes de le marier avec Marie Magdeleine Eglon (...) "

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Extrait de l'acte de mariage de Pierre DARGENTON et Magdelaine EGLON -
    Registres paroissiaux de la commune de Viroflay (Yvelines)

    Aucune mention du département de l'Oise, donc, la personne qui a transcrit et mis ces données en ligne sur Filae s'est seulement contentée de supposer cette information en se fiant sans doute (sans vérifier) à l'orthographe employé (pourtant approximatif, bien que j'ai vu pire) ou en le copiant sur une autre personne qui l'a fait.
    Une information me fait soudain réaliser que ma première impression était une piste que j'aurais dû creuser (si j'avais pensé à aller chercher l'acte de mariage tout de suite avant de fouiller pendant des heures dans les registres d'Etouy dans l'Oise). Indépendamment du fait que Nicolas ait donner son accord par l'intermédiaire d'un notaire de Boynes - ce qui déjà en soi prouve qu'il ne vivait pas du tout dans l'Oise -  c'est surtout la mention des Vaux, qui est un lieu-dit de la commune d'Estouy... dans le Loiret, qui confirme le lieu de vie Nicolas avec certitude. Voilà qui est plus logique !

    Le retour à Estouy...

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Carte de l'état major (1820-1866) - Source : Géoportail

    Ni une ni deux, me voilà parcourant les registres paroissiaux d'Estouy. Et j'y retrouve Nicolas DARGENTON.
    Sa vie s'achève aux Vaux où il était donc parti s'installer en tant que voiturier. Il est inhumé au cimetière d'Estouy le 18 février 1751, en présence de son fils aîné Nicolas DARGENTON et de deux autres témoins, Étienne TRIQUART et Michel BULTÉ.

    Dans les pas de Nicolas DARGENTON
    Acte de décès de Nicolas DARGENTON - Registres paroissiaux de la commune d'Estouy (Loiret)

    C'est finalement grâce à son acte de décès que j'ai pu donner une année de naissance approximative, car il est précisé qu'il avait environ 80 ans le jour de son décès.

    Les enfants de Nicolas DARGENTON...

    Mon aïeul Nicolas DARGENTON aura donc eut 10 enfants de deux lits différents.
    Six d'entre eux mourront en bas âge.
    Parmi les quatre autres, deux seulement resteront à Boynes. D'abord mon ancêtre Nicolas DARGENTON, lui aussi voiturier, qui se mariera le 22 janvier 1731 avec Marie LEGOUAS.
    Son demi frère, Savinien DARGENTON, se mariera à Boynes également, le 2 septembre 1737 avec Françoise PERDIGEON. L'un et l'autre y resteront toute leur vie.
    Marie Madeleine DARGENTON, devenue domestique, se mariera par deux fois à Versailles, d'abord avec Nicolas LANGUILLE en 1730 puis avec Jean RIMBERT dix ans plus tard.
    Son frère cadet Pierre DARGENTON partira s'installer à Viroflay (dans les Yvelines) où il se mariera avec Marie Madeleine EGLON.


    Ce que j'aimerais faire dans un avenir proche pour compléter mon"dossier" :


    - Voir si je peux retrouver l'acte de naissance de Nicolas dans d'éventuels registres de catholicité.
    - Retrouver du même coup sa fratrie
    - Aller faire quelques photos dans la vallée d'Estouy, notamment aux Vaux et au Moulin de la Porte, dès que je peux sortir librement de chez moi.
    - Me rendre au cimetière d'Estouy voir s'il reste (on ne sait jamais) quelques tombes très anciennes (on ne sait jamais !).


    En conclusion, cette histoire m'aura aussi rappeler pourquoi je ne veux pas me contenter de copier les arbres fait par d'autres. Je préfère très largement faire mes propres découvertes dans les archives. Les sites en ligne ne me sont utiles que lorsque je suis irrémédiablement coincée sur une branche et qu'un ancêtre semble avoir disparu des radars. Et à la condition de vérifier l'information, cet exemple sur ce qui est donné sur Filae est un parfait exemple, certains donnent des informations qui ne sont visiblement même pas inscrites dans les registres eux-mêmes, induisant en erreur ceux qui recherchent l'information.
    Et puis "copier un arbre" ce n'est pas "faire son arbre"... ça retire selon moi toute la magie des recherches et des découvertes.
    Mais comme quoi, même après 23 ans de recherches en archives, on peut encore céder parfois à la facilité et se faire piéger par des informations erronées. On ne m'y reprendra plus !

    "TOUJOURS VÉRIFIER LES DONNÉES" devrait être le mantra de tous les généalogistes :)

    Note : J'ai en ma possession tous les actes de naissance et de décès des personnes citées dans cet article.
    S'il vous plait, si justement vous souhaitez mettre ces informations sur des sites comme Geneanet, Filae ou autre, ayez la politesse de citer mon blog comme source de votre information sur les données correspondantes. Merci d'avance :)

    Merci encore à ma "cousine très éloignée", qui m'a relancée sur cette branche et m'a donner des informations que je n'aurais pas retrouvées sur les branches parties en dehors du Loiret. J'ai hâte de continuer notre entraide sur cette branche DARGENTON.

     

     

     

     


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