• T comme... Tailleur d'habits

     

    C comme... Cordonnier


    La corporation des cordonniers était, dès le XIVème siècle, une des plus solidement organisées, avec des règlements très rigoureux. Le métier s'achetait au Roi pour dix sous, et au Chancelier du Roi pour six sous (10 sous, à ce moment-là, représentaient la valeur d'un mouton gras.). Pour devenir maître cordonnier, il fallait prêter serment.

    La vente des chaussures était strictement réglementée. A Paris, le cordonnier ne pouvait vendre que dans sa boutique, sauf le samedi, jour où il pouvait exposer ses souliers en vente sur le Pont-au-Change, et les veilles de Pâques et de la Pentecôte où il pouvait installer un étal au Marché du Roy. S'il exposait aux Foires de St Ladre et de St Germain des Prés, il payait une·taxe supplémentaire. Il était également interdit aux adhérents de la corporation de réparer ou de mettre en vente de vieilles chaussures, sauf certains jours déterminés.
    Et même quand cette autorisation est accordée, le cordonnier ne peut refaire que les deux tiers de la chaussure. La réparation complète des chaussures est réservée à la corporation des savetiers.

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    Au XVIIéme et XVIIIème siècles, les règlements de la corporation sont moins sévères.
    Nul ne peut devenir maître cordonnier s' il n 'a pas fait son apprentissage dans la ville même. La présentation du chef-d 'œuvre est obligatoire, cependant, les fils de maîtres succèdent à leurs pères sans difficulté.
    De même, aucun cordonnier n 'était autorisé à posséder plus d' une boutique et à prendre plus d'un apprenti.
    A ce moment-là, la corporation des cordonniers comprend : les cordonniers pour hommes, les cordonniers pour femmes, les cordonniers pour enfants et les bottiers.

    Sous l'ancien régime, les ordonnances relatives au métier de cordonnier restent sévères. Parmi les plus intéressantes, on relève : L'interdiction d'embaucher des ouvriers étrangers à la ville, si tous les compagnons de la ville ne sont pas placés. (Ordonnance de 1578) ; l'arrestation et emprisonnement de tout compagnon cordonnier absent de son atelier pendant 3 jours, sauf maladie. (Ordonnance de 1710) ; l'interdiction aux compagnons de demander aux maîtres cordonniers un prix de travail supérieur à celui fixé par les jurés. Ordonnance de 1720.) ; l'obligation pour le compagnon cordonnier d'avoir un livret où seront inscrits les actes, les sorties et les congés et enfin, défense aux maîtres d'embaucher un compagnon dont le livret n'est pas à jour. 'Ordonnance du 2 septembre 1777).

    Il ne faut pas perdre de vue que, jusqu'à leur suppression par la Révolution, les corporations restent une organisation patronale redoutable pour l'ouvrier, notamment en ce qu'elles permettent aux patrons d'établir à leur guise 1e taux des salaires, sans que le compagnon ait le droit de réclamer ou de refuser le travail

    La Révolution Française de 1789 supprime les privilèges, les maîtrises et les corporations.
    Il ne subsiste de l'ancien régime que le Compagnonnage du Tour de France.
    Les ouvriers débutants devaient exercer leur métier successivement dans diverses villes de France, dites "Villes du Devoir". Ils y étaient accueillis d'ailleurs par une organisation de la solidarité ouvrière qui est la première étape du syndicalisme

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    Dans mon arbre, 18 personnes exerce ce métier, quatre sont mes ancêtres directe (dans trois branches distinctes) et deux ont par la suite eut le statut de "Maître Cordonnier".

    Dans le cas de ma branche boynottes, la profession de cordonnier s'est transmise sur trois générations chez les DANONVILLE.

    Louis DANONVILLE (Sosa 5680), le natif de Givraines duquel descendent tous "mes" DANONVILLE a d'abord été cordonnier puis Maître Cordonnier. Mais il a été également Syndic de la commune de Boynes. Parmi ses 17 enfants, trois de ses quatre fils deviendront à leur tour cordonnier. Son aîné Louis DANONVILLE issu de sa première union (Sosa 2840) aura à son tour le titre de "Maître Cordonnier", Nicolas DANONVILLE (de sa seconde union) et François Achille DANONVILLE (de sa troisième union) seront "Cordonnier".

    Un seul petit-fils, Louis DANONVILE le sera à son tour et avec lui s'arrête la "chaîne" des Cordonniers de la famille car il n'aura aucun fils pour lui succéder dans la profession.

    Ci-dessous : Arbre généalogique simplifié des DANONVILLE ayant été Cordonniers (A. Carré)

    C comme... Cordonnier C comme... Cordonnier

     Saint Crépin est le patron des cordonniers.

    La légende raconte que St Crépin, qui prêchait le christianisme dans la région de Soissons, avait ouvert dans cette ville un atelier où il fabriquait des chaussures, tout en prêchant la nouvelle religion.

    La fête de St Crépin tombe le 25 octobre.

     


    Source : Bibliothèque de Travail : Histoire des Cordonnier
    Revue en ligne => Lire le PDF ici


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  • Challenge AZ 2023 - B comme... Marie Madeleine BOURASSIN et Jacques ADAM

    Dans la famille de Louis VEUILLOT, rappelez-vous ma chronique sur cet "homme de lettres natif de Boynes" (=> Lire la chronique) ses grand-parents maternels ont attiré mon attention, car Eugène VEUILLOT a raconté quelques anecdotes les concernant, qui méritent d'être partagées.


    Petit rappel pour les situer dans mon arbre généalogique :

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN

    Native de Givraines, c'est Marie Madeleine BOURASSIN qui est "génétiquement" liée à mon arbre généalogique. Sans être une de mes ancêtre directe, elle est une "cousine" en étant...

    ♦ Par sa mère, la petite fille de mes ancêtre Jean CHAUMERAT (Sosa 1442 + 1454 + 1466) et Barbe BOUTET (Sosa 1443 + 1455 + 1467).
    ♦ Par son père, l'arrière-petite-fille de mes ancêtres Louis BOURASSIN (Sosa 1144 + 1468) et Françoise BRANCHE (Sosa 1445 + 1469).
    ♦ Mais aussi l'arrière-arrière petite fille de mes ancêtre Jean TROUPEAU (Sosa 2892 + 2940) et Madeleine GINGREAULT (Sosa 2893 + 2941).
    ♦ Et la petite nièce de mon ancêtre Denis BOURASSIN (Sosa 722 + 734) et Louise TROUPEAU (Sosa 723 + 735) tout en étant aussi l'arrière petite nièce de cette dernière.
    ♦ Je peux aussi ajouter que sa grand-mère paternelle, Jeanne TROUPEAU, a épousé en seconde noce Toussaint BOUTET (mon Sosa 724), neveu de Barbe BOUTET et Jean CHAUMERAT mais qui est aussi mon ancêtre...

    Vous arrivez à suivre ? Le tableau est là pour ça au cas où....
    Avec tous ses implexes, c'est pour ainsi dire un miracle que Marie-Madeleine ne soit pas, elle aussi, une de mes ancêtres directes. Mais allez savoir, je n'ai pas encore reconstitué toutes les branches !


    Marie-Madeleine Elizabeth BOURASSIN est née le 17 août 1763 à Givraines. Son parrain sera Jean BOUTET "le jeune" (probablement son oncle, époux de sa tante paternelle, Marie BOURASSIN) et sa marraine Françoise BOURDEAUX.

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN
    Acte de naissance de Marie-Madeleine Elizabeth BOURASSIN - Registres paroissiaux de la commune de Givraines - 1763

    Elle est le second enfant de Louis BOURASSIN, un vigneron, et Anne CHAUMERAT, qui se sont mariés le 13 janvier 1758 à Givraines. Avant elle est née une première fille, Marie Anne (le 25 janvier 1759).
    Ensuite viendra Agnan le 17 novembre 1765 puis Margueritte le 9 juillet 1769.

    Ils seront tous les quatre les seuls enfants du couple car malheureusement, ils se retrouvent orphelins très tôt en perdant d'abord leur père, Louis BOURASSIN, qui meurt le 13 avril 1771 à Givraines, il avait 36 ans.

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN

     

     

    Puis leur mère Anne CHAUMERAT moins d'un an plus tard, le 4 février 1772, elle avait 34 ans. 

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    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN

    Malgré de longues recherches, je n'ai pas trouvé l'acte de mariage entre Marie Madeleine et Jacques à Givraines (lieu de naissance de Marie Madeleine), et pas non plus à Boynes (lieu de naissance de Jacques).

    Grâce à un peu d'aide, surprise... c'est à Paris qu'un mariage à leurs noms est enregistré dans la paroisse de l'Eglise de Saint-Etienne-du-Mont (5ème arrondissement), en date du 29 septembre 1785.

    Il a environ 25 ans et elle 22 ans.

    Décidément, les habitants de Boynes aiment partir à la capitale ! Comment l'un comme l'autre se sont retrouvés là-bas ? La perspective de travail est toujours la plus logique. Lui était charron, Quand à Marie Madeleine, peut-être était-elle domestique là-bas.
    Concernant Jacques, un engagement militaire peut aussi être envisagé.

     

     
    Toujours est-il qu'en 1786, l'un et l'autre sont de retour dans le Loiret, à Boynes. Car c'est là-bas que naîtront leurs enfants. Le premier est un fils, Jacques (°13 juillet 1786).

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN
    Registres paroissiaux de la commune de Boynes - Baptême de Jacques ADAM - 1786

    Après lui suivront trois filles Marie Madeleine Rosalie (°12 septembre 1788), puis Marie Madeleine Marguerite - dite Marianne, la mère de Louis et Eugène VEUILLOT - (°9 septembre 1790).

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSINDans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN
    Registres paroissiaux de la commune de Boynes - Baptêmes de Marie Madeleine Rosalie ADAM - 1788 -
    et de Marie Madeleine Marguerite - 1790

    Et la troisième, Suzanne "Rosalie" (°16/01/1793) - La "tante Rosalie", celle qui "avait à Beaumont une maison de nouveautés, de mercerie, etc., et venait s'approvisionner à Paris de marchandises qu'elle emportait dans sa propre voiture. Le cheval [était] escorté d'un chien (...)" et qui ramènera, à l'occasion d'un de ses voyages, le jeune Louis auprès de ses parents à Paris.
      

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSINRegistres de l'état civil de la commune de Boynes - Naissance de Suzanne "Rosalie" ADAM - 1793

    J'ai également retrouvé deux autres garçons, Jacques Christophe (°27 juillet 1795) et Jacques Louis (°27 février 1798).
    Et enfin une petite fille, Rose Eléonore (°18 ventôse An 9 / 9 mars 1801), qui malheureusement décèdera à l'âge de trois ans (le 17 prairial An 12 / 6 juin 1804).

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    Louis VEUILLOT - leur petit-fils, par leur fille Marie Madeleine - vécu plusieurs années à Boynes et notamment auprès de ses grands-parents, Marie Madeleine BOURASSIN - qui elle aussi est surnommée "Marianne" - et Jacques ADAM. L'un comme l'autre sont mentionnés dans sa biographie, de fait, je transcrit ici les mots d'Eugène VEUILLOT :

    "En restant à Boynes, Louis avait eu la meilleure part. Il vivait dans un tranquille pays, au bon air, chez de vieux parents relativement à l'aise et qui l'aimaient beaucoup. Il avait pour camarade des enfants élevés sans de grands soins, mais honnêtement, et certes beaucoup mieux qu'on ne l'était, même alors, dans la population ouvrière et les écoles mutuelles de Paris. Point de boutiques avec devantures chargées de malpropres images, rien de mauvais à lire : partout l'exemple du travail et de la vie régulière. On y entendait des paroles brutales, jamais de paroles impudiques."

    L'anecdote la plus "croustillante" a pour héroïne sa grand-mère "Marianne ADAM" et son... disons... fort caractère ?
    C'est cette anecdote qui m'a poussée à écrire cette chronique tant elle est mémorable.

    "Le grand-père, Jacques Adam, neuvième enfant, je crois, d'un entrepreneur de roulage avait eu son écart de jeunesse. Destiné à l'état de charron qui cadrait avec l'exploitation paternelle, il avait obéi d'assez mauvaise grâce, et, devenu homme, crut prendre sa revanche en s'enrôlant dans les Gardes-Françaises. Rentré au pays vers 1788, il passa sous le gouvernement de sa femme, Marianne Bourassin, et ne conserva de sa vie militaire que l'amour de la pipe. Marianne était une maîtresse femme et une chrétienne. Elle le fit voir en 93. Un grand crucifix de bois marquait l'entrée du village. Quelque « sans culottes », venus de Pithiviers, la ville voisine, résolurent de l'abattre. Les hommes de Boynes, intimidés, paraissaient disposés à tout laisser faire. Il y eut des femmes pour protester. A leur tête se trouvait Marianne Adam, tenant d'un bras vigoureux une forte cognée. La troupe féminine fit reculer les « sans culottes » ; mais ils ne se retirèrent pas sans promettre de revenir bientôt et en grand nombre. Pour préserver la croix de leurs profanations , on l'enleva respectueusement, et c'est dans la maison de Marianne Adam qu'on la déposa. Elle fut bien gardée (1)."

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    Je confirme avoir trouver huit frères et soeurs - tous nés à Boynes - à Jacques pour qui pourtant, je n'arrive pas à trouver d'acte de naissance. En me basant sur l'âge donné sur son acte de décès - qui surviendra le 28 août 1832 à Boynes - il avait alors 72 ans et serait donc né vers 1760. Peut-être tomberai-je un jour dessus après plusieurs relectures (c'est déjà arrivé).

    Concernant le passé militaire de Jacques ADAM dans les Gardes Françaises, les recherches sont en cours... il y a plusieurs milliers de pages de registres à éplucher sur le site de "Mémoires des Hommes" donc j'en aurais pour un moment. J'espère pouvoir développer cette chronique un peu plus tard avec ses éléments.

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN


    Magdeleine et Jacques mourront tous les deux en 1832, à quelques jours d'intervalles dans leur maison de Boynes du Faubourg de la Porte de Pithiviers. D'abord la tenace "Marianne" BOURASSIN le 23 août 1832 - 70 ans - puis son époux Jacques ADAM, 72 ans, le 28 août 1832.
    Pour l'un et l'autre, le décès est déclaré en mairie par leurs fils, Christophe ADAM (36 ans), devenu charron à Grangermont (Loiret) et Louis ADAM (35 ans), lui aussi charron et habitant de Boynes.

    Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN Dans les pas de Jacques ADAM et Marie-Madeleine BOURASSIN
    Registres de l'état civil de la commune de Boynes - Actes de décès de Magdeleine BOURASSIN et Jacques ADAM - 1832


    (1) Voici comment Louis Veuillot a raconté, dans Çà et Là cet épisode :

    « En 1793, on voulut traîner par les rues le grand crucifix qui ornait la place de l'Église. J'avoue que Jacques Adam crut bon d'aller prendre l'air assez loin du village; mais Marianne entra dans l'atelier désert, et s'empara de la plus lourde cognée. Avec d'autres femmes du village, elle se plaça devant le crucifix, armée de cette cognée, comme si c'eût été son fuseau, et elle déclara bellement qu'elle abattrait le premier qui oserait toucher à la sainte image. Elle l'aurait fait, — aussi vrai qu'il n'y a qu'un Dieu — C'est pourquoi personne n'insulta le crucifix. Et quand le soir vint, les vaillantes femmes l'emportèrent et le mirent en sùreté. Et Marianne Bourassin déposant sa cognée, fit la soupe pour Jacques Adam, qui ne mangea pas de bon appétit ce jour-là. »


    Sources :
    - Mariage de Magdeleine BOURASSIN et Jacques ADAM :  Fonds Andriveau - Mariages à Paris (1613-1805)

     


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