• Quand parle t'on d'enfants naturels ?

    C
    e sont en fait les enfants nés hors mariage et dont l'acte de naissance n'indique, en général, que l'identité de la mère. En revanche, il faut savoir que cet acte n'établit aucune filiation juridique. Un enfant ne peut pas hériter de sa mère si elle ne l'a pas reconnu par un acte de reconnaissance dans une mairie.
    Toute personne qui se lance à la recherche des ses origines tombera a un moment ou a un autre sur un ou plusieurs enfants dits "naturels". Pour ma part, j'en compte pas moins de 14 en l'état actuel de mes recherches (un peu plus de 3000 individus). Certains ont été plus tard légitimés lorsque leur mère s'est mariée, mais la grande majorité sont restés comme on le dit parfois "enfants de fille". Cinq de ses enfants sont mes ancêtres directs, deux d'entre eux sont même mari et femme (Frédéric ARNY, fils de d'Agathe ARNY a épousé en 1872 Anne Marie BIELHER, fille d'Eve BIELHER) et quatre forment une même fratrie d'enfants naturels

    Dans la plupart des cas, ils portent de fait, le nom de leur mère. Mais pas toujours. En tout cas, j'ai une exception dans mon arbre, qui a donné lieu à une anecdote pour le moins étonnante.

    En effet, le 3 mai 1810, Julie LAURIUT (?), exerçant la profession de sage femme vient déclarer en la commune de Souville (Yèvre-le-Châtel) dans le Loiret, "qu'hier le deux du présent mois de mai, à neuf heures du soir, Marie Madeleine LE GIVRE (ma Sosa n°161) âgée de vingt ans, fille du défunt Jacques LE GIVRE et de Anne BOUVARD, ses pères et mères, domiciliée à Souville. La ditte Madeleine LE GIVRE est accouchée dans la maison de sa mère sise au dit Souville, d'un enfant de sexe masculin, qu'elle nous a présenté, né de la ditte fille LE GIVRE, et d'un père inconnu et auquel elle donne les prénoms d'Etienne Napoléon"

    Chose surprenante, NAPOLÉON devient alors le patronyme de cet enfant (qui est donc mon Sosa n°80), sur les registres, il ne portera jamais le nom de sa mère, qui ne l'a pas reconnu officiellement.

    Le 24 avril 1837, Étienne NAPOLÉON se marie à La neuville sur Essonne (Loiret) avec Marie Magdeleine GUERIN. Il est alors "soldat du 8ème régiment d'artillerie, en congé limité" et "a obtenu la permission de se marier par Monsieur le Maréchal de Camp commandant le département du Loiret, en date du trente et un mars". Sa mère, Madeleine LEGIVRE, est présente.

    N comme Naturels #ChallengeAZ
    Extrait de l'acte de naissance de Étienne NAPOLÉON - État civil du Loiret

    Il sera inhumé sous le patronyme de NAPOLÉON Jean, Étienne le 21 janvier 1853, il avait 43 ans.

    L'acte de reconnaissance

    On retrouve les acte de reconnaissance dans les registres d'état civil, au milieu des actes (naissances, mariages, divorces et décès). Ne vous attendez pas à les retrouver nécessairement à la même date que la naissance ou même quelques jours après. La reconnaissance des enfants naturels par leur mère peut certes, être faite dans les jours qui suivent, tout comme elle peut survenir de nombreuses années plus tard ! Voire même, trop tard, comme ce fut le cas pour mon aïeul Étienne NAPOLÉON, cité plus haut.

    En effet, il est enfin reconnu à titre posthume par sa mère, alors âgée de 71 ans, le 26 décembre1859. Soit six ans après la mort d'Etienne. Pourquoi maintenant ? Et bien la demande a semble t'il été faite par le petit-fils de Madeleine. Etienne (Amédée), mon sosa n°40, fils d'Étienne NAPOLÉON. En effet, puisque celui-ci va se marier à son tour deux jours plus tard, la reconnaissance tardive ne semble pas être un hasard. Peut-être souhaitait t'il porter le patronyme qui aurait dû être le sien : LEGIVRE.
    Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous...

    N comme Naturels #ChallengeAZ
    Acte de Reconnaissance de Jean Etienne Napoléon LEGIVRE - État civil du Loiret -

    Dans un autre cas de figure, vu aussi dans ma généalogie. Une fratrie de quatre garçons, tous nés "enfants naturels", trois ont été reconnus en même temps et (très) tardivement par leur mère, plus d'une trentaine d'années après leur naissance.
    Je détaillerais leur histoire dans un autre article.


    Cet acte est différent de la légitimation qui intervient lors du mariage ultérieur par exemple de la mère et par laquelle l'époux déclare reconnaître l'enfant même s'il n'est pas le père biologique. Dans ce cas vous ne saurez jamais si le mari est oui ou non le père géniteur. Mais rien n'empêche de noter ce fait dans votre arbre, afin de préciser les choses.

    Toutefois, le père biologique n'est parfois, pas longtemps inconnu. En effet, il peut arriver que même s'il naît hors mariage et est alors enregistré sous le patronyme de sa mère, il peut être alors légitimer plus tard par son père, alors absent le jour de la naissance (ça peut arriver dans le cas de soldats, par exemple), s'il n'est pas directement mentionné. Parfois sur les actes de baptême antérieures à 1793 vous pourrez trouver des indices concernant le père apportés par la sage femme auprès de laquelle la maman se serait confiée.
    Mais la plupart de temps, un père inconnu demeure une branche qui s'interrompt.

    La déclaration de grossesse

    Il faut savoir qu'avant 1793 vous pouvez rechercher éventuellement une déclaration de grossesse, que toute mère célibataire devait en principe faire selon une loi destinée à combattre les tentations d'infanticide. Vous les trouverez dans les archives notariales, de police ou en série B des archives départementales. La loi du 26 février 1708,  ordonnait aux filles non mariées et aux veuves qui attendaient un enfant de déclarer leur grossesse sous peine de mort.
    C'est une piste que je n'ai pour le moment, jamais personnellement explorée car toutes ces naissances ont eut lieu au XIXème siècle, cette déclaration n'était alors plus obligatoire.

     


    2 commentaires
  • T comme... Tailleur d'habits


    Quelle est cette profession si souvent inscrite dans les registres paroissiaux et les registres d'état civil ?


    Laboureurs, cultivateurs, journaliers, manoeuvriers ou encore jardiniers, dans les villages de campagne, la très grande majorité de nos ancêtres travaillaient la terre et en tiraient leur subsistance. Au premier abord, ces termes semblent identiques - et ils le sont, ou presque - mais chaque terme est en réalité le reflet d'un statut social dans le monde rural, une distinction faite bien souvent en fonction des biens possédés par l'individu. Le laboureur (ou la laboureuse) par exemple, possède un ou plusieurs animaux de labour (un cheval, un boeuf...).

    J comme Journalier #ChallengeAZ
    Jules BRETON - Le retour des glaneuses (1859)

    Un journalier lui, ne possède rien, si ce n'est la force de ses bras et éventuellement quelques outils basiques. A l'inverse d'un laboureur ou d'un cultivateur, il ne possède aucune terre qu'il exploite pour son compte. Sa maison est modeste et il peut parfois n'avoir qu'un petit espace potager. C'est donc bien souvent un ouvrier agricole au revenu très modeste, voire considéré comme pauvre. Il loue sa force de travail à la journée, et est susceptible de cultiver en une journée un « journal » de terre, unité de surface variable selon les régions et le relief, mais d’environ un demi-hectare.
    Journaliers, brassiers ou manouvriers, représentaient une part importante de la population et vivaient parfois à la limite de la mendicité. En zone rurale, ils subsistaient grâce aux travaux agricoles d'appoint chez les laboureurs ou marchands fermiers mais grâce aussi à la filature de la laine, à l'artisanat ou au transport. Ils servaient encore de main-d'œuvre d'appoint dans le bâtiment, aidaient les bûcherons, fabriquaient des fagots, etc. Les femmes faisaient des lessives ou prenaient des enfants en nourrice.

    Si la fonction est très souvent associée au monde agricole, les journaliers et manouvriers existaient aussi dans les villes, pratiquant une multitude de petits métiers et louant là aussi leurs bras à la journée. Celui qui s’en sortait le mieux était celui qui réussissait à se faire embaucher régulièrement, même si les salaires étaient minimes.

    Certains journaliers étaient par la force des choses, des voyageurs, presque des itinérants en somme. L'idée étant bien sûr d'aller où se trouvait le travail, un journalier ne restait pas nécessairement dans un même village, allant même jusqu'à changer de département ou de régions.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique