• Louis et Eugène VEUILLOT, hommes de lettres natifs de Boynes - Première partie -

    Qui est Louis VEUILLOT dans l'Histoire de France ?

    Louis François VEUILLOT, homme de lettresFils d'un tonnelier, et toute sa vie demeuré fidèle à ses origines populaires, Louis Veuillot a été en France le véritable fondateur du journalisme catholique, auquel il contribua à donner son goût durable pour la polémique, en un temps, il est vrai, où ce journalisme était loin d'en avoir le monopole. On a peine à imaginer aujourd'hui le rôle si longtemps joué par ce simple laïc, pratiquement autodidacte et ne possédant en tout cas aucun titre universitaire, sans position officielle, sans fortune personnelle, et l'influence qu'il a exercée simplement par la verve et le courage de sa plume, dont tous ses adversaires reconnaissaient le talent.

    Entré en 1839 au quotidien L'Univers, qui avait été fondé six ans plus tôt, après la condamnation de L'Avenir, pour donner un organe au parti ultramontain, Louis Veuillot en devient très vite l'âme et la tête, exerçant pendant quarante ans sur le clergé français une direction de conscience religieuse et politique, et lui inculquant une soumission absolue, non seulement aux enseignements qui venaient de Rome, mais même aux simples conseils du pape. Il eut des démêlés avec une partie de l'épiscopat (et put en l'occurrence compter sur le soutien de Pie IX) ; avec Montalembert et les catholiques libéraux ; avec l'Empire, auquel il s'était d'abord rallié et qui interdit son journal pendant plusieurs années ; avec la République, qui l'incita sur le tard à se dire monarchiste. On notera enfin que Veuillot a exercé une influence religieuse considérable au Canada français, où il a longtemps été un maître à écrire autant qu'un maître à penser.


    Source : Émile POULAT, « VEUILLOT LOUIS - (1813-1883) », Encyclopædia Universalis [en ligne], URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/louis-veuillot/


    Où est-il dans mon arbre ?

    De quel façon ai-je pu l'ajouter aux branches de mon arbre ? Au départ, simple curiosité de ma part. En cherchant des cartes postales anciennes de Boynes, je suis tombée sur certaines qui montraient sa maison natale ou encore, la célébration de son centenaire, je me suis lancée sur des recherches rapides sur ce Louis VEUILLOT dont une place dans la commune de Boynes porte d'ailleurs le nom.
    Et quand j'ai vu que sa grand-mère maternelle était une BOURASSIN native de Givraines... et bien il y avait de fortes chances que je puisse le replacer dans mon arbre étant donné le fort taux d'implexes/de cousinages dans cette commune.

    Je vous laisse regarder dans ce tableau simplifié pour voir de quelle façon il se raccorde à mon arbre, et au passage, notez les nombreux implexes (qui ne sont qu'une partie d'entre eux sur cette commune). Quand j'arriverais à tout mettre au clair, j'y reviendrais dans un autre article...

    Louis et Eugène VEUILLOT, hommes de lettres natifs de Boynes

     Quand mes aïeux oubliés écrivent leur propre histoire...

    Ce que j'ai découvert, c'est qu'il existe une énorme biographie de Louis VEUILLOT, écrite par Eugène, son frère, et "énorme" n'est pas peu dire, elle comporte 4 volumes, dont le premier compte 590 pages et le dernier 789 pages. Eugène Veuillot ne pourra terminer ce dernier volume, c'est son fils, François, qui achèvera à sa place cette biographie monumentale (dernier volume qui paraîtra en 1913). Cette biographie est pleine de petites anecdotes familiales, je me suis penchée sur les premières pages du premier volume, je vais me permettre de citer quelques passages, ce n'est pas si souvent que l'on peut citer des anecdotes sur des ancêtres si lointains.

    Ce sera bien la première fois que je rédigerais une chronique généalogique à quatre mains (en quelque sorte) avec un lointain cousin, qui est aussi le sujet de l'article en question. Je lui laisse donc l'écriture des anecdotes, et je les illustrerais avec mes recherches...

     Les parents et l'enfance de Louis et Eugène Veuillot

    Leur père, François Brice VEUILLOT n'est pas originaire du Loiret. C'est un tonnelier bourguignon, natif de Noyers dans l'Yonne. Il est donc arrivé à Boynes vers le milieu de l'année 1811, alors qu'il effectuait son tour de France (était-il un "Compagnon" ?), voilà ce qu'écrit Eugène , son fils, à son sujet :

    "Vers le milieu de l'an 1811 un ouvrier tonnelier, François Brice Veuillot, ne possédant au monde que ses outils, traversait Boynes, bourgade du Gâtinais ; il vit à la fenêtre, encadrée de chèvrefeuille, d'une humble maison, une belle robuste jeune fille qui travaillait en chantant; il ralentit sa marche, il tourna la tête, et, parti du département voisin pour faire son tour de France, il ne poussa pas sa route plus loin.

    Il y a des vignes à Boynes et il y faut des tonneaux. François Veuillot trouva de l'ouvrage. Garçon de force et de mine, connaissant à fond son état, laborieux à l'excès, il fut tout de suite estimé du patron. Le bon ouvrier était aussi un bon camarade, ennemi des querelles, mais prompt à soutenir le faible contre le fort et se privant volontiers du nécessaire pour donner à plus pauvre que lui. Joignez à ces dons un cœur affectueux et tranquille comme le sont les cœurs honnêtes qui jouissent avec innocence de leur vingt-cinq ans et vous comprendrez que l'avis du patron, sur le nouveau venu, fut bientôt celui de tous.

    Marguerite-Marianne Adam, la jeune fille dont l'aimable visage et le vigoureux aspect avaient arrêté François, ne fut pas des dernières à prendre de lui bonne opinion. Elle aussi, elle aimait le travail ; l'honneur brillait sur son front parmi les fleurs de la santé et de la jeunesse, un sens droit et ferme réglait ses discours, les fortunes étaient égales, les cœurs allaient de pair, le mariage se fit. (1)

    Louis et Eugène VEUILLOT, homme de lettres natifs de Boynes
    Extrait de l'acte de mariage de François Brice VEUILLOT et Marie Madeleine ADAM

    Le mariage avec Marie-Madeleine ADAM est célébré le 11 octobre 1812. Assisteront à leurs noces,  deux amis de François, Pierre Aignan DARNEAU, un "garçon tonnelier" habitant à Intvilliers, un hameau de Givraines  et Ambroise FORTIER, un marchand de Pithiviers. Et également l'oncle de la mariée, Louis ADAM qui est cultivateur à Boynes, ainsi qu'un ami, François GAUDRON, maréchal-ferrant à Boynes.
    Il semblerait que Marie Madeleine ne se soit jamais fait appeler comme ça, puisque son propre fils la nomme "Marianne", mais ce n'est en soi qu'un détails. Beaucoup n'utilisait pas leur nom d'usage. J'apprends aussi  sur cet acte de mariage, le nom des parents du marié, son père s'appelait François-Brice VEUILLOT et était "meunier au moulin de la ville" de Noyers et sa mère s'appelait Jeanne PALNOT. Le père est décédé et la mère n'est pas présente au mariage de son fils, mais l'un et l'autre avaient donné leur consentement à cette union devant notaire le 31 janvier 1812.

    Le couple s'installe à Boynes, dans une maison qui existe encore aujourd'hui (bien qu'elle est un peu changée)

    Louis et Eugène VEUILLOT, homme de lettres natifs de BoynesLouis et Eugène VEUILLOT, homme de lettres natifs de Boynes 

    De leur union naîtra donc un premier fils qui, Bien qu'il soit connu sous les prénoms de Louis François Victor, et en réalité simplement baptisé, François VEUILLOT. Son père vient déclarer sa naissance à la mairie de Boynes, quatre heures après sa naissance, avec comme témoins Jacques ADAM, le grand-père alors âgé de 52 ans et Pierre TRIQUARD, un tailleur d'habits de 50 ans.

    Louis et Eugène VEUILLOT, homme de lettres natifs de Boynes
    Extrait de l'acte de naissance de (Louis) François VEUILLOT - 1813 - Registres paroissiaux de la commune de Boynes

    Eugène continue...

     "L'enfant était robuste. A neuf mois, il marchait. Il parla de bonne heure et dénonça, très vite un caractère indépendant. Prompt à la révolte contre les menaces, il se montrait sensible aux douces paroles, sans s'y rendre toujours. Envoyé à l'école du village à quatre ans, il y reçut le petit livre classique, nommé alors « la Croix de Dieu » parce que l'alphabet y était surmonté d'une croix. Après la première leçon, Louis déchira la page qu'il avait lue, donnant pour raison qu'il ne voulait pas apprendre deux fois la même chose. On le gronda; il recommença dès le lendemain, et bien que puni sévèrement, il continua le même exercice les jours suivants. Pour mettre fin à ce ravage des Croix de Dieu et à cette lutte, l'oncle Louis Adam, charron de son état, le dota d'un abécédaire de nouvelle sorte : une planche en forme de raquette où les lettres de l'alphabet et les syllabes élémentaires étaient marquées à l'encre.
    La croix n'y manquait pas. L'écolier se fit aussitôt de ce livre une arme redoutable dont plusieurs de ses camarades sentirent le poids ; il fallut le lui enlever. Enfin Louis, corrigé ou convaincu, se soumit. Il devint très vite l'élève, non pas le plus tranquillement studieux, mais le plus instruit de la classe. Le maître déclara qu'il irait loin, et une femme des environs, réputée sorcière, annonça que, dans son genre, il serait un « empereur ». Notre mère, qui aimait la gloire, tout en riant de ce pronostic, se complaisait à le rappeler. Si on lui avait dit que son
    fils serait empereur en littérature et régnerait sur le journalisme, elle n'y aurait rien compris. Le journal n'existait pas en ce temps-là pour les ouvriers et les paysans." (2)

    Trois ans après sa naissance, le 18 janvier 1816, un second fils vient au monde à Boynes. Ses parents le nomme Christophe Eugène VEUILLOT. Un enfant qu'Eugène ne mentionne pas dans la biographie de son frère, sans doute parce que ni l'un l'autre n'a peut-être entendu parler de lui, car le petit Christophe ne vivra que quatre mois (son décès est déclaré le 29 mai 1816).

    Louis et Eugène VEUILLOT, homme de lettres natifs de Boynes
    Acte de naissance de Christophe Eugène VEUILLOT - 1816 - Registres paroissiaux de la commune de Boynes

    Louis grandit à Boynes, et semble déjà avoir un caractère assez affirmé... 

    "(...) Un autre trait montrera combien, dès sa plus tendre enfance, Louis fut résolu. Le safran était alors, — peut être est-il encore, — un des principaux produits agricoles du Gâtinais. Pour que cette plante ait toute sa valeur marchande, il faut l'éplucher dès qu'elle est cueillie. Au moment de la récolte, chacun épluche donc en hâte du safran, et reçoit, pour ce travail, un bon salaire. Louis avait cinq ans ; on lui donna du safran à éplucher. Il fit merveille le premier jour, mais le lendemain, il déclara positivement qu'il ne travaillerait plus. Les instances, les promesses, les supplications, les menaces de sa mère, malade et au lit, furent inutiles. Voyant qu'on allait le fouetter, il se sauva en criant : « Je vais me jeter dans le puits de Barville. » Sa mère convaincue qu'il était de caractère à tenir cette menace se leva et courut après lui. Lorsqu'elle l'eut atteint, au lieu de le ramener à la maison, elle le prit par les deux jambes et, le suspendant au-dessus du puits, lui dit : « Regarde et promets-moi de ne jamais te jeter là-dedans. » Il le promit d'autant plus vite qu'il eut grand'peur. On ne put cependant le décider à éplucher de nouveau du safran." (3)

    Louis et Eugène VEUILLOT, hommes de lettres natifs de Boynes - Première partie -
    Environs de Pithiviers-en-Gâtinais : La récolte du safran - L'épluchage

    La même année, son frère Louis "Eugène" VEUILLOT nait à Boynes le 5 octobre 1818. A noter que lors de la déclaration, sa mère est nommée maintenant Marie Marguerite ADAM (ce qui explique sans doute pourquoi ses fils l'appelait "Marguerite Marianne".

    Louis et Eugène VEUILLOT, homme de lettres natifs de Boynes
    Acte de naissance de Louis "Eugène" VEUILLOT - 1818 - Registres paroissiaux de la commune de Boynes

    "(...) Quelques semaines plus tard, François Veuillot et sa femme partaient pour Paris avec leurs deux enfants, Louis et Eugène (celui-ci avait deux mois) ; mais Louis fut ramené bientôt à Boynes chez son grand-père. Ce départ, sans pensée de retour, avait pour cause la faillite du principal négociant du pays, gros marchand de vin et de safran. Le jeune et laborieux ménage avait placé là tout son avoir : une dot de quelques centaines de francs, et les économies faites sur six ans d'un rude travail. Pour comble de malheur, François Veuillot, voulant être propriétaire, avait tout récemment acheté une petite maison qu'il fallut revendre, car on ne pouvait achever de la payer. C'était un désastre et une humiliation. « Ma mère qui avait l'âme fière et hautaine », a écrit Louis Veuillot, décida son mari à s'éloigner. Le travail ne manqua point, et, si l'existence fut dure, on n'eut jamais, en somme, d'inquiétude sur le lendemain.

    En restant à Boynes, Louis avait eu la meilleure part. Il vivait dans un tranquille pays, au bon air, chez de vieux parents relativement à l'aise et qui l'aimaient beaucoup. Il avait pour camarade des enfants élevés sans de grands soins, mais honnêtement, et certes beaucoup mieux qu'on ne l'était, même alors, dans la population ouvrière et les écoles mutuelles de Paris. Point de boutiques avec devantures chargées de malpropres images, rien de mauvais à lire : partout l'exemple du travail et de la vie régulière. On y entendait des paroles brutales, jamais de paroles impudiques." (4)

    Il resta ainsi 5 ans à Boynes avant de rejoindre définitivement ses parents et son jeune frère à Paris.

    Le voyage à Paris...

    "(...) Cinq ans s'étaient écoulés depuis que François Veuillot avait quitté le Gatinais. Habile ouvrier, et ouvrier courageux, il n'avait jamais chômé. Il travaillait à Bercy, chez un commissionnaire en vins qui occupait un nombreux personnel et avait de très vastes magasins, sous-
    loués la plupart à des négociants en gros. François devint premier ouvrier et gardien des magasins, ce qui lui valait une haute paie : trois francs cinq sous par jour au lieu de trois francs, le logement, du vin et du bois. C'était magnifique.

    Deux accidents avaient marqué pour Louis son séjour à Boynes : il s'était cassé le bras gauche et avait eu la petite vérole; il portait sur la figure de nombreuses marques du terrible mal. Quant au bras, il avait été bien remis et jamais il n'en souffrit. Les paysans, qui n'écrivent guère aujourd'hui, écrivaient encore moins à cette époque. Aussi le père et la mère n'avaient-ils point su combien leur enfant avait été malade. Ils apprirent après coup, et sans aucun détail, la maladie et la guérison.

    Louis étant bien rétabli, la tante Rosalie, que son commerce appelait deux fois par an à Paris, l'y amena. Ce fut, pour ce garçon d'une dizaine d'années, ne connaissant que le village natal, un charmant voyage. Il le fit, non en chemin de fer, chose inconnue alors, non en diligence, il n'y en avait pas encore de ce côté, non en patache, ce moyen de transport n'existant pas non plus pour Boynes et les environs, mais dans la carriole même de la tante Rosalie. Celle-ci avait à Beaumont une maison de nouveautés, de mercerie, etc., et venait s'approvisionner à Paris de marchandises qu'elle emportait dans sa propre voiture. Le cheval, escorté d'un chien, allait quelquefois au petit trot, souvent au pas; on faisait plusieurs arrêts dans la journée, on couchait à l'auberge et, en trois ou quatre jours, on était à Paris. C'est aujourd'hui l'affaire de trois ou quatre heures. Quel plaisir qu'un tel voyage pour un enfant vigoureux, leste, très éveillé, qui verrait, à l'arrivée, son père, sa mère, un petit frère inconnu et Paris.

    Une inquiétude, légère au début, mais qui grandissait à mesure qu'on approchait de Bercy, faisait ombre à cette joie. Louis savait combien la petite vérole avait abîmé son visage. Les mœurs sont rudes à la campagne et les propos s'en ressentent. Que de fois, depuis deux ou trois mois, on lui avait dit que s'il restait un garçon robuste et bien taillé, il n'était plus un joli garçon. Pour son compte, cela le troublait peu, mais il craignait que sa mère, qui ne s'attendait pas à le voir, ne le reconnût point... Il aurait voulu qu'elle fût avertie de son arrivée. Sauf lui, personne à Boynes ne pouvait avoir l idée d 'écrire une lettre et d'en dépenser le port (huit sous) dans un tel but.

    L'épreuve que Louis redoutait ne lui fut pas évitée. Lorsque la carriole entra dans la grande cour où était le logement paternel, notre mère s'écria : « C'est Rosalie », et me prenant par la main : « Viens vite voir ta tante! » Derrière la tante se tenait un enfant vêtu de gros drap lourdement façonné et coiffé d'un bonnet de coton bleu. — Quel est ce petit garçon? dit avec hésitation notre mère. — Tu ne le reconnais pas ! c'est Yeuillot! — Oh! qu'il est changé! s'écria-t-elle, avec une expression de douleur en l'attirant à elle. — Et Louis, l'air malheureux et craintif, les yeux pleins de larmes, répondit : Oui, maman, c'est moi! Elle l'embrassa en pleurant.

    Venu à Paris par occasion, et avant que son père et sa mère fussent décidés à le rappeler, Louis y resta. Il avait appris du maître d'école de Boynes tout ce que le brave homme pouvait enseigner : lire, écrire et compter."(5)

    Note : J'ai retrouvé "tante Rosalie", qui est la cadette de sa mère. Suzanne "Rosalie" ADAM est née le 16 janvier 1793 à Boynes (elle décèdera le 12 février 1840 à Beaumont-du-Gâtinais)


    C'est donc à Bercy que la famille est établie. La famille s'agrandira avec l'arrivée de deux filles. La première, Annette Eugénie VEUILLOT nait aux alentours de 1823, probablement à Bercy (XIIème arrondissement) puis Margueritte "Elisa" VEUILLOT le 8 mai 1825, dans le Xème arrondissement de Paris.

    Leur père, François Brice VEUILLOT, s'éteint le 15 mars 1839, à Bercy. Voilà comment son cadet raconte ce jour funeste :

    "Le 15 mars 1839, une grande douleur nous frappa. François Veuillot, notre bien-aimé et vénéré père, mourut. Il avait 54 ans. Sa robuste constitution semblait lui promettre de plus longues années. Et quel doux avenir conforme à ses goûts, nous rêvions de pouvoir lui faire bientôt! Mais un dur et constant travail avait miné ses forces ; une fièvre muqueuse, tardivement soignée, nous le prit en quelques jours.
    Notre père, élevé en dehors de toute pratique religieuse, n'avait cependant, grâce à Dieu, jamais été impie. Sans se rendre compte de la mission du prêtre, il lui témoignait du respect. La conversion de Louis, bien que, d'abord, elle l'eût troublé et même mécontenté, avait ensuite fortifié ce sentiment. Il se serait reproché de condamner la conduite de son fils aîné, de celui qu'il appelait non pas Louis mais "Veuillot" Ce sentiment ne le pénétrait pas assez cependant pour le conduire à l'église. Lorsque Louis, avec tendresse et réserve, doucement, timidement abordait ce terrain : — « C'est bon ! c'est bon ! nous causerons de cela plus tard », répondait le père. Le fils n'osait insister. Cette fois, la mort s'annonçait, elle était inévitable et prochaine. Mon frère, les yeux pleins de larmes et le cœur plein de courage, dit quelques mots de Dieu au mourant, puis courut chercher le prêtre. Il vint, et, après quelques minutes passées seul avec François Veuillot, put lui administrer les derniers sacrements. " (6)

    Louis et Eugène VEUILLOT, hommes de lettres natifs de Boynes
    Portrait de François Brice VEUILLOT -
    par Jacques-Emile LAFON


    Et ensuite ? La suite dans une prochaine chronique familiale....
    Je parlerais du mariage d'Eugène et de celui de Louis

     


    1- "Cette première page de la vie de Louis Veuillot est empruntée presque textuellement à l'un de ses livres de début: Rome et Lorette. Il a donné place dans ce livre à des souvenirs auxquels il faut se reporter, sans cependant tout y prendre à la lettre. Par son caractère et son but que j'expliquerai plus loin l'oeuvre appelait la fantaisie, et elle n'y manque point. L'histoire doit écarter ces fleurs de style et d'imagination pour s'en tenir aux faits. Mon frère a introduit, sous des formes diverses, quelque chose de sa vie dans presque tous ses ouvrages. J'y puiserai, en biographie bien informé." - Eugène VEUILLOT.

     2- Louis Veuillot, Tome 1 par Eugène Veuillot,  p. 2

    3- Louis Veuillot, Tome 1 par Eugène Veuillot, p. 3

    4- Louis Veuillot, Tome 1 par Eugène Veuillot, p. 4

    5- Louis Veuillot, Tome 1 par Eugène Veuillot, p. 7-8

    6-

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Mars 2022 à 06:20
    Christelle
    Quelle chance ce récit pour pouvoir connaître la vie de ces cousins ! Il fourmille de détails intimes que nous aimerions tous connaître sur nos ancêtres.
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